2015 a vu le jour, transie et saupoudrée de sucre blanc.
Pendant la nuit, l'araignée a tissé les fils de la nouvelle année,
et l' intrépide fleur de la véronique s'est parée de cristaux pour mourir en beauté.
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2015 a vu le jour, transie et saupoudrée de sucre blanc.
Pendant la nuit, l'araignée a tissé les fils de la nouvelle année,
et l' intrépide fleur de la véronique s'est parée de cristaux pour mourir en beauté.
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Petit matin de froid...Calme, figée, l'Erdre semble retenir son souffle.
Si, au jardin, les -7° du lever du jour ont gelé les "eaux des oiseaux" (abreuvoir, baignoire, mare !), celles de la rivière clapotent doucement leurs ridules de surface...
Les fidèles gardes du corps du cyprès chauve chauffent leurs vieux genoux ronds au soleil...
Je vous le disais bien : si son affluent, le Gesvres, est tout en secret et intimité (voir l'article), l'Erdre, elle, navigue toutes voiles dehors !
A Port-Jean, Carquefou (44)
La rivière et son affluent ne se ressemblent guère...La première, l'Erdre, est toute en berges riantes, en châteaux perchés sur ses rives, en navigation de plaisance ..."La plus belle rivière de France", selon François 1er, est extravertie... le Gesvres, au contraire est tout en silence , en souffle d'air suspendu...Son lit se pare d'étranges formes immobiles ...Pas un bruit de bateau, seul le cri des foulques ou le vol d'un colvert viennent rompre pour un instant le sommeil du cours d'eau....
Ses berges s'amusent parfois à se transformer en sauvages contrées où des indiens auraient oublié d'étranges parures dans l'eau...
Des indiens ??? Mais ne voilà t-il pas une pirogue sortie de nulle part ? C'est la première fois que je vois une embarcation sur la rivière !!!
Des voix résonnent entre les rives...font trois petits tours et puis s'en vont...le Gesvres tout étonné retrouve sa torpeur rêveuse...
"La mer ! C'est la mer ! J'ai la mer devant chez moi !"
Au téléphone, elle me presse de venir voir ce phénomène : la mer à Ingrandes...au bord de la Loire, à 100 kms de la côte... !
Bien sur, comme tous les cours d'eau en ce moment, la Loire s'étale, submerge ses berges, s'allonge voluptueusement hors de son lit... |
Tant et si bien que...
Eh oui, ce n'est pas banal. Il nous arrive à tous d'égarer quelque chose, mais égarer son lit n'est sans doute pas si courant ! Eh oui, la Loire a tout bêtement égaré son lit ! Elle le cherche à 1,5 km à vol d'oiseau, se déverse sur les prairies...Se déverse ? Même pas : l'eau sourd plutôt de la terre, comme si la nappe vomissait tout ce qu'elle a dû ingurgiter...
Et l'on a beau essayer de se prendre pour Moïse, de tenter d'écarter les eaux d'un geste péremptoire pour continuer son chemin...Rien ! les panneaux et les "stop" semblent encore indiquer les routes fantômes d'une cité engloutie... |
La maison est maintenant sur une sorte d'île marine, à 100 kms de la mer! Une presqu'île plutôt, car le pont n'est heureusement pas submergé! Mais les routes ne mènent plus nulle part...
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Les chemins non plus... |
"La mer ! C'est la mer dans les champs et les prés!"
Prisonnière de l'arbre (voir La faucheuse "fauchée" ), elle n'a pas pu s'enfuir devant la montée de l'eau... |
On dirait une toue, une toue cabanée, ce petit bateau de Loire à fond plat qui sert pour la pêche et la promenade...
Mais non, ce n'est pas une toue qui sommeille dans la brume de Loire, c'est ..".une cabane à canards."..construite sur le même modèle.
Pour voir une toue, c'est ici
La brume s'accroche aux cils, perle les cheveux de fines goutelettes.
Le paysage est tendrement ouaté, comme emballé d'un cocon protecteur. J'aime cette Erdre grise, calmée, ouatée. Il est vrai que j'aime la brume et le soleil, la pluie et le beau temps, toutes les sensations, tous les contrastes que la nature peut m'offrir. Elle est changeante, riche de tous ses mondes qui se juxtaposent en un kaléidoscope de couleurs, de sons, de parfums...
Une grive perchée quelque part dans le coton, peut-être inspirée par l'ambiance romantique du moment, s'essaie à des fantaisies musicales, à des inventions surprenantes. Le rouge-gorge, presque à mes pieds, gonfle son manteau de pluie et darde sur nous ses yeux ronds de boutons. Les oies blanches tentent de percer le silence d'un grand cri incongru, tandis que des roitelets s'affairent dans les ramures...
Les yeux grands ouverts, je vais, je respire, je hume, je regarde, j'écoute, je touche, je sens...
Dans l'écho sonore créé par l'eau, des rameurs percent la brume à la cadence chuintée de leurs rames...