"Bonjour,
Moi, Titi, le rouge-gorge du jardin de Capucyne, je vous annonce officiellement l'ouverture du restaurant d'hiver "Dans le pin" !
Ce n'est pas trop tôt ! Elle s'est enfin décidée, Capucyne ! ("Voyons Titi, il ne faisait pas encore très froid" !).
Les habitués ne le savent pas et il n'y a pas grand monde.
Les merles sont occupés avec les pommes blettes et le cotonéaster qui brille de toutes ses boules rouges! Une vraie splendeur! Merlin et sa famille, attirés par ce rutilement d'arbre de Noël, commencent à piocher de bon coeur dans cette manne, sans attendre les grands froids ! Quels imprévoyants, ces merles ! De vraies cigales ! Que feront-ils quand sera venue la bise de janvier et février, lorsqu'ils auront ôté toutes les décorations qui font le charme de cet arbuste ? |
Et celui-ci ! vous avez vu cette allure ? Que lui arrive-t-il ? Les merles sont vraiment moches en période de mue, mais c'est fini maintenant, j'ai vu Merlin, beau et lustré, le costume remis à neuf pour l'hiver ! Alors ? Un jeunot qui a voulu essayer de chiper le territoire du grand Merlin ? |
Les verdiers et pinsons, un peu lourdauds n'ont encore rien remarqué, mais évidemment, moi qui croyais être tranquille à la mangeoire... c'eut été sans compter avec les éternelles enquiquineuses ...
Elles ont eu vite fait de repérer le garde-manger !
Mais l'autre soir, je me suis vengé ...Il est arrivé une petite mésaventure qui me fait rire rien que d'y repenser !
Le baryton était venu aider Capucyne à faire le nettoyage annuel des nichoirs...(d'ailleurs, de vous à moi...ai-je besoin, moi, que l'on vienne nettoyer derrière moi mon nid de l'été dernier .?..Passons...) Perché sur l'échelle au péril de sa vie (les humains sont maladroits dans les arbres et j'étais là pour le retenir au cas où...) alors que le soir tombait déjà, il a ouvert le nichoir du pommier , et là...ffffrrrrtt !, une charbonnière est sortie, à peine la porte entrebaillée ! Je ne sais pas qui a été le plus surpris ! Elle a eu peur, bien sûr, mais...si elle avait fait tomber le baryton, hein ? Ces mésanges ! Elles ne pensent qu'à elles ! Il fallait voir ! Perchée sur le fil au-dessus, elle s'est mise à l'invectiver copieusement, (moi qui comprends le langage" mésange", je peux vous assurer que ce n'était un pas un vocabulaire joli joli )
Et moi, perché à trente centimètres du baryton, je riais, je riais, je faisais des "pompes" de jubilation ! C'est bien fait, c'est bien fait ! Poseuses ! Chipies ! Ca vous apprendra à vous coucher comme les poules ! Est-ce que j'attends que l'on me prépare mon nid, moi ???
"Voyons Titi" a gentiment grondé le baryton ; mais je voyais bien qu'il souriait de me voir rire pendant que l'effarouchée continuait ses vociférations .
Capucyne, mise eu courant, m'a déçu. N'a-t-elle pas commencé à plaindre la charbonneuse ? "Oh, la pauvre ! Pourvu qu'elle retrouve un abri pour la nuit !" Et gnagnagna, et gnagnagni !
A-t-elle oublié, Capucyne, le comportement de ces effrontées? Chaque hiver, elle achète, rien que pour moi (et j'insiste sur ce point) une mixture spéciale pour mon petit bec : le "Robin mix" (les anglais m'appellent Robin car ils ne savent pas que moi, c'est Titi), puisque je ne peux pas décortiquer le tournesol (et que les balançoires me donnent le mal de mer).
Et bien croyez-vous que les mésanges ont la décence de ne pas y toucher ? Pas du tout, au contraire, c'est à qui piquera du bec dans ma petite assiette !
Alors, pour une fois qu'il y en a une qui s'est fait avoir, croyez-moi, j'ai ri de bon coeur ! "