Elle attend, perchée sur le pin.
Je connais bien cette attitude maintenant: elle émet de petits pépiements, regarde à droite et à gauche...
C'est la petite amie de Titi. Voilà plus de deux semaines, trois peut-être, que la scène se répète: le rouge-gorge vient lui offrir la becquée, comme à un oisillon.
C'est qu'elle ne s'en laisse pas compter, la petite! Elle le teste, mon Titi! Il ne va pas s'en tirer avec un ou deux vermisseaux hâtivement déposés en cadeau! Non, elle veut du solide, du durable, la certitude qu'il saura nourrir les petits!
Titi sautille , nerveux et affairé , dans tous les sens sur la pelouse. Il cherche des vers. Il va venir...
Je cours chercher l'appareil photo. Jusqu'à présent, ou bien je ne l'avais pas sous la main, ou bien ils sont plus rapides que moi, ou trop loin, ou cachés par une branche...cette photo, je ne réussis pas à la faire.
Je suis prête, l'objectif braqué sur la petite; j'en ai des crampes aux épaules!
J'en profite pour faire son portrait...
Ah! Voilà Titi, le bec plein de provisions...
Hélas! la coquine s'envole un peu plus loin, sur la vieille mangeoire oubliée là avec quelques noisettes et grains de blé qui n'intéressent plus personne...
Le temps que je refasse la mise au point...il a déposé son offrande et repart!
Trop tard! Il ne me reste qu'une photo, ratée mais étrange, où il semble que le rouge-gorge qui s'envole étend ses ailes protectrices au-dessus de l'oiselle accroupie!